Lendas e Historias

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Carreira de Bragança (l'autobus vers Bragança)

CARREIRA DE BRAGANÇA (L’AUTOBUS VERS BRAGANÇA)

Il aida à mettre le bœuf dans le tronco (1) et dit au maréchal-ferrant: «Peut-être que pour celui-ci, il vaut mieux lui mettre les sangles par-dessous et le soulever! -". Auparavant, il avait déjà été brûlé à cette patte, donc il se méfiait toujours quand on le ferrait.

Ce n'était pas nécessaire, il était bien attaché.

Il lui souleva la patte et après l’avoir soutenue et fixée à la poutre en bois, commença à tirer le vieux canelo (2) avec la tenaille. Aussitôt après la première saccade, le bœuf dégagea la patte et jeta le maréchal-ferrant contre l'un des supports du tronco (1). Il se leva tout endolori et n’en voulut plus.

- Soulevez le bœuf, il est farouche.

Il l'avait bien averti.

Il garda les vieux canelos (2), puisqu’ils étaient déjà très rongés; ils serviraient encore pour gratter le cochon lors qu’on le tuerait. Avec des nouveaux canelos(2) dans les sabots du bœuf, il s’en alla directement vers la terre de son beau-père. 

C’étaient deux jours de labour et ne pouvait pas perdre de temps. Deux jours bien comptés, mais à vrai dire, il ne s’en faisait pas d’y travailler tous les jours de l'année.

Il aimait beaucoup y aller, c'était un endroit qu'il avait toujours aimé, avec la Serra de Bornes en face. Ainsi, quand elle était pleine de neige, c'était un spectacle à voir, ces bois de châtaigniers, en automne, avec toutes ces couleurs: marron, violet, rouge, jaune, ça valait le coup d'être vu! Et les villages? Vilares da Vilariça, Burga, Colmeais, Trindade… il imaginait tout le monde de ces villages, peut-être en labourant ou faisant quelque autre chose, peut-être même en le regardant aussi. Il devenait toujours rêveur et enchanté, en regardant tout ce panorama.

Les bœufs le connaissaient déjà et commençaient à grignoter les bords, tout en fustigeant leur dos avec les longues mèches de poils de la queue, essayant de tuer ou chasser les énormes taons qui tentaient de voler leur sang avec leurs énormes dards.

Mais son plaisir suprême venait quand passait l’autobus (carreira) vers Bragança. Il n'avait jamais voyagé dans un autobus, mais aimait s'imaginer là-dedans, assis et le car en arpentant la route, dans tous les tournants et par tous les villages, regardant les gens qui entrent et sortent, causer des choses de chez eux et lui, à son tour, racontant comment c’était dans son village. Voici cet autobus, qui allait toujours aussi aisément. Et comment est-ce que le chauffeur connaissait toute la route, jusqu’à Bragança? On dit que le voyage prenait plus de trois heures!

Le plus souvent, il était interrompu dans ces pensées, lorsque les bœufs, las d'attendre, décidaient d’aller grignoter le long des bords du terrain.

C'était pourquoi tout le monde disait ce qui se disait. Et lui, qu’est-ce que cela lui faisait? Il aimait y être à regarder et c’est tout!

Ça s’est passé un jour lorsqu’il venait d’y porter un chariot de fumier. C'était l’automne, la Serra de Bornes avait une légère trace de neige au sommet, qui ressemblait tout à fait à une tête aux cheveux déliés. Ainsi la neige ressemblait à des cheveux tombant de la montagne, dont les pentes pleines de chênes de toutes les couleurs, avec le bus rouge serpentant la route. Il s’oublia, plongé dans son imagination et les bœufs continuèrent leur chemin, ne s'arrêtant que près d’une plantation de petits oliviers qu'Horácio avait plantés dans son terrain. Ils ont tout mangé, ne laissant que les tiges! Horácio a fait un tel charivari, qu’on a eu du mal à l’apaiser; il a dû lui promettre d’y planter des nouveaux oliviers.

Lui demanda ses excuses. « -Les bœufs ne s’arrêtèrent... »

Il lui a répondu :

- Ils ne s’arrêtèrent pas, parce que tu ne les as pas gardés! Tout le monde le sait bien, tu restes tout le temps bouche bée, lorsque passe le bus vers Bragança. On dirait que tu n’as jamais vu un autobus.

- Bon, ce n’est pas tout à fait ça!

Mais si! Déjà on l'appelle même, ce terrain de ton beau-père, «l’Autobus vers Bragança»! (Carreira de Bragança).

 

(1) – Tronco – Armature de troncs d’arbre pour y mettre les bœufs et les ferrer, après leur attacher la tête et les pattes.

(2) – Canelo – Morceau de fer à cheval ajusté aux sabots des bœufs.