PEDRA LUZ (1)
- Les brebis, tu en as deux là-bas, avec trois nourrissons! En arrivant au sommet du Noval, où brillent les pierres, près de l’amas de rochers.
Sacré berger! Il devenait de plus en plus fou; il savait que les brebis étaient en train d’accoucher, et malgré cela, il menait le bétail loin du village, presque à Vale da Sancha.
Elle se mit en route; il lui faudrait bien deux heures pour y arriver et avec le retour, quatre heures.
- Tu diras à ton père que je suis allée chercher deux brebis qui ont mis bas au-delà de la Fonte Botelha.
J'avais l’idée de l'endroit.
Jerumelo, le chien, lui tenait compagnie. Il n’était point fait pour garder le troupeau, mais il était un bon compagnon, attendant toujours sa maîtresse.
- Bonjour, je vais chercher deux brebis accouchées, au-delà de Noval.
- Tu dois dire au berger qu’il doit se tenir plus près du village.
- Et tu crois que je ne le lui ai pas dit ? Mon Albérico et lui se sont déjà mésentendus, mais il est têtu comme un diable.
La chance c’est que la contrée était très fréquentée.
"- Dieu me soit en aide! Sacrée perdrix, ce que j’ai eu peur!
Jerumelo s’élança effréné sur la trace de l'oiseau.
Le Notre Père interrompu, elle continua: "... que ton règne vienne … sur la terre comme ..."
En bas du Noval, elle trouva son beau-frère Avelino, une houe à la main, et resta comme oubliée du monde.
La houe, impulsée de force, renversait la pure beauté des camomilles, blessées de la sorte et il lui semblait qu'elles demeuraient à saigner de manière désordonnée, tandis que le fer froid assassin poursuivait la dévastation, renversées et jetées sans complaisance les unes sur les autres, mêlées avec la terre; elles languissaient après avoir tout inondé de vie et de beauté. La tragédie était la règle de leur vie, personne n’en voulait, elles étaient un fléau, mais elles revenaient obstinément jusqu'à un nouvel arrachage.
"- Oh mon Père du ciel, quelle pensée est la mienne, pas même les brebis ne les touchent."
- Avelino, sais-tu où se situe un endroit appelé la Pedra Luz (1)? Le berger y a laissé deux brebis accouchées.
- Ah oui, c'est comme ça que les bergers le nomment! Tu descends le chemin auprès de la Serra do Minério (2), tu passes la Fonte Botelha, tournes à droite, direction de Vale da Sancha. Là-haut, dans cet amas de rochers, c'est là l’endroit qu'on appelle de ce nom. Fais attention, c'est encore loin. Veux-tu que je t'accompagne?
- Non, il y a encore beaucoup de monde par là.
La prière poursuivait, pendant que sa main droite, dans la poche du tablier, égrenait le chapelet.
Lorsqu’elle commença à descendre à côté de la Serra do Minério (2), elle regarda en face et c'était vrai! Avec le reflet du soleil, on voyait au loin des choses qui brillaient.
«- Des pierres qui brillent? Ça alors! ... »
Elle regretta ne pas avoir accepté l'offre de son beau-frère, c'était encore loin et elle ne savait même pas si elle trouverait bientôt les brebis; parfois, il arrivait que quelques-unes abandonnent leur nourrissons.
En passant la Fonte Botelha, au milieu du chemin, un grand crapaud.
"- Oh mon Père du ciel!"
Et elle cracha trois fois pour se débarrasser du venin.
«- Il faut que je redise à mon Albérico d’avertir le berger. Un jour il emmènera le troupeau même jusqu’au Cabeço, le maluco dos infernos(3) .
(1) – Pedra Luz (pierre étincelante) – nom de l’endroit où le troupeau avait été emmené.
(2) – Serra do Minério (colline du minerai) – nom de l’endroit qui jouxte Pedra Luz.
(3) – Maluco dos infernos – façon ampoulée de surnommer quelqu’un qui est un peu drôle.